Monter sur scène avec un orchestre à ses côtés ? La proposition l’attire mais le Français ne se sent pas encore prêt. Il rêve d’entendre sa musique, créée dans l’intimité de son home-studio, être portée par un orchestre mais la configuration lui paraît encore trop intimidante. “Moi qui suis autodidacte et plutôt bricoleur je ressens un véritable complexe d’infériorité par rapport à la musique savante, celle que l’on étudie pendant des années. Comme pour les bandes originales de film, il a fallu que les bons éléments se mettent en place, notamment que je rencontre Romain Allender. Il a vraiment fait la passerelle entre ce monde de l’orchestre et le mien”.
Romain Allender est compositeur, arrangeur, assistant d’Alexandre Desplat pour quantité de musiques de films (Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, La Forme de l’Eau de Guillermo del Toro, etc.). Il sait écrire pour orchestre et, point non négligeable, il apprécie déjà la musique de Rone dans laquelle il décèle justement une “texture sonore proche de celle d’un orchestre”.
Motion, une première collaboration va sceller leur amitié et montrer que, tout en venant d’horizons différents, les deux parlent le même langage, à la fois ludique et expérimental. A partir d’une musique de quelques secondes composée par Rone et destinée à habiller une publicité, l’arrangeur-orchestrateur et le bidouilleur de machines vont bâtir une véritable symphonie en trois mouvements où l’électronique et l’acoustique dansent ensemble avec fluidité et harmonie. Selon les séquences et un élégant équilibre, l’une prend le pas sur l’autre ou, au contraire, s’efface avant de revenir souligner la mélodie ou l’émotion. Enregistré avec l’orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth et la participation de la pianiste Vanessa Wagner, Motion rassure Rone. Le morceau lui prouve qu’il a toute légitimité, maintenant qu’il est bien accompagné, à collaborer avec un ensemble orchestral.
Ainsi quand on lui propose de concevoir une performance avec l’orchestre national de Lyon, porté par l’expérience Motion, il accepte avec joie. Romain Allender et lui feuillettent alors son répertoire afin de choisir les morceaux qui se prêteront le mieux à une relecture symphonique. Des évidences émergent comme celle d’inclure dans le répertoire des extraits de Mirapolis l’album de 2017, ou de Room With A View, l’œuvre musicale et chorégraphique imaginée par Rone avec le collectif (La) Horde pour des représentations données en 2020 au Théâtre du Chatelet avec des danseurs du Ballet national de Marseille. Mais Rone et Romain Allender n’oublient pas non plus le morceau fétiche Bora, première sortie de Rone sur Infiné avec le discours percutant et habité de l’écrivain Alain Damasio. “Cela reste pour moi un morceau très important, confirme Rone, je le joue tout le temps et il prend à chaque fois des formes différentes”.
Ensemble, guidés par leurs envies fortes, ils conçoivent un voyage, une narration avec ses passages sombres et d’autres plus lumineux, des envolées grandioses et des moments d’intimité. Grâce à des logiciels de programmation, Romain écrit des arrangements qui évitent la transposition littérale, profitant de tous les timbres proposés par l’orchestre. Les 25 et 26 juin, le projet L(oo)ping nait devant les 2000 personnes massées dans l’auditorium. “Ce titre fun renvoie à la performance acrobatique, au côté casse-gueule, explique Rone. Je ne voulais pas donner l’impression de me prendre trop au sérieux”.
Placé au fond, près des percussions, Rone, accompagné par son collègue de label, le Mexicain Cubenx, vit de l’intérieur, les sensations décuplées, l’interaction entre le chef Dirk Brossé, l’orchestre et le public. A la fin des deux représentations, les standing ovations le bouleversent. D’où l’idée de repartir avec plus d’assurance en L(oo)ping à la fin de l’année 2022 avec deux nouveaux shows à l’auditorium de Lyon. De manière naturelle, Ghosts, composé pour une nouvelle collaboration avec (La) Horde, des extraits de la bande originale des Olympiades, le long-métrage de Jacques Audiard ou le thème de la prochaine série de Xavier Giannoli pour Canal +, Tikkoun, intègrent un répertoire légèrement retouché.
Pour immortaliser ces soirées, une équipe de cinq ingénieurs du son dirigée par Alex Ewald dispose 122 microphones et la réalisatrice Louise Narboni place caméras, acteurs et danseurs pour un futur film qui sera bien plus qu’une captation. Après quelques tripatouillages en post-production et un travail de fourmi réalisé par Alix Ewald, voici L(oo)ping.
Disponible en format Dolby Atmos pour favoriser l’immersion et nous transporter à la place du chef d’orchestre, cet enregistrement live plein de reliefs et de finesse rend grâce aux performances collectives enfiévrées données par Rone, Romain Allender, Dirk Brossé et l’orchestre national de Lyon ou Cubenx. Et comme l’aventure est décidément belle, elle va se poursuivre en juin par deux représentations à la Philharmonie de Paris…l’histoire est bouclée.
A2_ Ghosts (L(oo)ping Version)
A3_ Room With A View (L(oo)ping Version)
A4_ Tikkoun (L(oo)ping Version)
A5_ Vood(oo) (L(oo)ping Version)
B1_Les Olympiades - Opening (L(oo)ping Version)
B2_Les Olympiades - Emilie Dance (L(oo)ping Version)
B3_Bora Vocal (L(oo)ping Version)
B4_Motion (L(oo)ping Version)
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