Après son voyage sur le fleuve des rythmes premiers (l’album « Candy Goddess » en 2008), le maître mathématicien de la frappe – Cyril Atef – aborde Congoville, cité pop cosmopolite, dans un sous-marin « U-Boat » à la torpille bleue contondante. La folie bipolaire « Up and Down » a rattrapé l’utopie congotronics. Au Tom Tom Club, le meilleur maquis de la mégapole africaine, on peut y boire la claire « Pink Water » ou s’injecter de l’ « EPO ». Pas de veine, les esclaves chimiques dansent sur des volcans éteints depuis longtemps. Cyril Atef n’a pas l’âme triste, il joue avec les ombres synthétiques de notre époque et soulève le voile des ténèbres pour voler un sourire à « Lady Gaza », belle prisonnière de nos lamentations contemporaines. A l’image du titre « Underground », Cyril Atef est un des rares artistes français à cumuler dans ses divers projets et collaborations l’estime de l’underground (Olympic Gramofon, Bumcello) et la reconnaissance du grand public (-M-, Bernard Lavilliers, Alain Bashung, Salif Keita). Depuis vingt-cinq ans, Cyril Atel décrypte tous les grooves de la sono mondiale (Great Black Music, Afrique, Antilles, Brésil, Orient, jungle, rock) avec la précision motorik du musicien de studio et la flamboyance optimiste du showman/chaud man/showmaniac ! Le rituel du Star Time chez congopunQ est une synthèse de carnaval funk-vodou revisité par un Chapelier toqué (Cyril Atef) et de performance trans-dada (Docteur Kong, son incontrôlable complice barbu sur scène). Un concert de congopunQ est un envoutement joyeux libérant les forces cosmiques du public. Une transe positive sans substances magiques, eh Kong ! En studio, congopunQ redevient le one-man-band de Cyril Atef. Ce deuxième opus de congopunQ a été enregistré au Studio One Two Pass It (Bagnolet) et au Dungeon, sous-sol exigu parisien dans lequel il entrepose son bric à brac sonore : batterie recyclée, percussions iraniennes ou gnawas, sampleurs, synthés et gris-gris non identifiés. L’homme-orchestre a invité quelques fidèles amis : Hilaire Penda, champion toutes catégories de la basse camerounaise, Seb Martel le guitar-hero aquoiboniste (Las Ondas Marteles, Camille, Piers Faccini), Louisa Ould à la voix de sirène sur « Trip With Me » et Lateef The Truth Speaker, MC du mythique Quan- num Projects d’Oakland qui a posé son flow acéré sur « You Can Get It » le temps d’une escale parisienne. Trois choristes gospel ont aussi participé aux sessions. Le reste de l’album a été réalisé à Los Angeles, seconde patrie de Cyril Atef, avec Tommy C. Jordan son frère jumeau lunaire (Geggy Tah, Bumcello), le clavieriste / mixer Scott Kinsey et le jeune Zack Montana, un voisin angeleno de 15 ans convié à chanter avec sa toute langueur juvénile sur « Peeping Tom ». A l’image de l’Afrique numérique et urbaine, ce deuxième album de CongoPunQ a trouvé une tonalité pop moderne. Pop dans son sens syncrétique, celui d’une fusion authentique de courants musicaux interconnectés à la global party de « Take Me With You » et « Shake It All Out » (mixé par Renaud Letang) : funk, pop synthétique, ballades féeriques, sanza détournée, beat épurés, psychédélisme sucré. La belle surprise de cet album est la prépondérance totalement assumée des chan- sons, portées par une voix déliée, des mélodies élégamment efficaces et des arran- gements discrets. La machine à grooves tradi-moderne s’est muée en un éclatant petit bijou pop. Music Power ! congopunQ Is Now !