« J’avais besoin de risque, de bousculer le fond autant que la forme, d’être éprouvée ». C’est sous le coup de crayon de Joann Sfar que Pauline Croze revient le 8 octobre 2021 dévoiler une aventure plus personnelle que jamais.
La chanteuse affiche le calme et le soulagement propres aux artistes qui ont suivi leur intuition et leur audace. Dans un style plus moderne et animé, elle triomphe de cette nouvelle spontanéité pour s’attaquer avec distance et ironie aux tremblements du monde contemporain.
Pensé, composé et enregistré entre les confinements et les restrictions liées à la crise sanitaire, « Après les heures grises » marque une étape importante dans la carrière de Pauline Croze : « Pour ce disque, j’ai appris à travailler à distance en m’imposant une nouvelle méthode de travail. Au début du processus de création, je m’enregistrais toute seule. Il fallait que je sorte de moi-même pour juger ma voix et discerner les meilleures prises. C’était tout nouveau pour moi. »
Productrice de sa musique, moins écorchée vive, plus libre et subversive que jamais, Pauline n’a pas hésité à se dédoubler pour sortir d’elle-même et incarner plusieurs rôles, en s’entourant de jeunes réalisateurs inspirés et talentueux.
Guidé par d’élégantes notes de piano de Fils Cara, le morceau « Je suis un renard » ouvre entre légèreté et auto-analyse, un album qui joue autant avec les formes qu’avec les double-sens. Que Pauline écrive seule ou non, elle s’inscrit dans chacun des textes de son album, sa vie y est là qui tourne sans cesse sur « La Rocade », jusqu’à « Hippodrome », seul rêve où se plonger après ce voyage intérieur.
Et dans nos urbanisations ou tout nous pousse à l’extrême « Phobe », co-réalisé et mixé par Nk.F (Damso, Orelsan), cherche entre up and down médiatiques un équilibre nouveau. Equilibre pour une renaissance vitale loin des réseaux qui nous envahissent via leurs multiples fenêtres/écrans : danser pour s’en sortir avec « Crever l’écran » réalisé par Mathieu Denis.
Sur « Kim », co-écrit et réalisé par Romain Guerret (Aline, Alex Rossi), la chanteuse n’hésite pas à transformer Kim Jong-un en improbable objet pop et amoureux tandis que sur « Le Monde », une nouvelle énergie habille la voix de Pauline, au cœur d’une production solaire et enjouée.
En milieu d’album, « Nuit d’errance » écrit par Tim Dup et « No Derme » écrit par Pauline se distinguent par la grâce de leurs mélodies et une mélancolie déchirante que ne renieraient pas les fans de Barbara.
Réalisé par Charlie Trimbur (Eddy de Pretto) et Pierrick Devin, (Phoenix, Lomepal), « Solution » renforce ce geste d’ouverture vers une pop d’époque où la chanson se mêle aux syncopes propres à la pop urbaine contemporaine.
Le mouvement et les reliefs de ces nouvelles compositions s’en ressentent, au fil de morceaux qui s’harmonisent avec les mixs de Alf Briat, et sonnent comme le juste équilibre entre le charme des premiers pas de Pauline Croze et sa passion pour le dynamisme de la nouvelle scène française. Seules constantes : la grâce et la subtilité qui continuent d’habiller sa voix.
Tracklist :
A1. Je suis un renard
A2. Phobe
A3. Crever l'écran
A4. No derme
A5. Nuit d'errance
B1. Le Monde
B2. Kim
B3. La Rocade
B4. Solution
B5. Hippodrome