Julien Appalache

“Quelle est donc cette manie de me coller une étiquette ?” interroge Julien Appalache dans Tarte Postale, le titre qui ouvre son premier album et dans lequel il s’étonne d’être souvent comparé à Jésus-Christ. Outre l’âge (33 ans aujourd’hui), les deux hommes partagent en effet une certaine identité capillaire. “Je n’ai pas besoin de rentrer dans un moule”, sourit le chanteur dans le même couplet.

Tant mieux : celui-ci serait bien difficile à définir. Pour preuve, si on devait en imaginer le casting, la famille spirituelle de Julien Appalache pourrait rassembler aussi bien Paul McCartney (pour l’habileté mélodique et la classe au piano) que Pierre Richard (pour la naïveté charmante), Kevin Parker de Tame Impala (pour l’art du mille-feuilles pop) que Katerine (pour la poésie fragile et le sens de l’autodérision). De quoi mettre au défi les professionnels du catalogage. 

Est-ce parce qu’il a été composé chez lui, à quelques mètres de l’océan ? Ce premier album fait en tous cas souffler un vent frais sur la pop made in France. On y entend des popsongs rebondissantes (Tarte Postale) côtoyer d’imparables refrains (La Pluie, parfaite ritournelle de sunshine-pop malgré le titre), des odes à la camaraderie (Mes Amis) cohabiter avec des contemplations fluides (Bel Océan, inspiré d’une traversée agitée entre le continent et Ouessant).

Avec une légèreté bienvenue, Julien Appalache sourit de sa marginalité (La Lose) et prône le choix d’une vie plus lente (Le Temps de vivre, dans lequel il répond à sa prof de français qui lui avait reproché d’avoir un baobab dans la main). Optimiste, le garçon préfère au cynisme ambiant la joie d’être sur terre (Extraordinaire) et chante son rêve d’une vie apaisée (Sang Colère). Le fond est aussi réjouissant que la forme : si l’album a été fait en solo, il est pourtant richement arrangé et dévoile des strates inédites à chaque nouvelle écoute. “Je vois les chansons comme des petites choses qui tournent autour de moi et que je dois attraper", conclut le musicien. Ce sont des petites mélodies qui arrivent et qu’il faut mettre sur un piano, c’est un peu de la magie.” Nous voilà prêts pour l’enchantement.