Cet album aurait pu s’appeler “The Endless Feeling Beyond the Void“, “Drowned by the Silence“ ou encore “Toward the Infinite“. C’est finalement “The Beauty of Dying“ qui s’est imposé. Mélancolique et puissant, le premier album du producteur de musique électronique AUST nous plonge en introspection là où la musique se transforme pour devenir images et sensations.
Après plusieurs EPs cumulant plus de 6 millions d’écoutes sur les plateformes de streaming, AUST sort un premier opus abouti. Peu influencé par les modes passagères, il place la recherche du beau au centre de sa démarche artistique. Sa musique s’apprécie le mieux quand l’écoute est active et consciente. Comme lors d’une virée nocturne sur l’autoroute ou d’une ballade dans les rues désertes d’une ville endormie.
En ouverture du disque, “S.A.M“ nous embarque directement dans la dimension presque spatiale de certains morceaux aux arrangements d’une profondeur vertigineuse. En s’entourant d’enregistreurs à bandes et de synthétiseurs analogiques, AUST renouvèle sa manière de composer en faisant la part belle aux textures organiques comme sur “The Beauty Of Dying“ ou “Amor Fati“. Les contrastes en termes de dynamique sont grands, en témoigne la douceur de “Rival Tapco“ et la puissance chargée de “New Hope“. La section rythmique de cette dernière confirme le côté hybride de sa musique, dont l’originalité se faufile jusque dans les paroles (a unisson of pain is made of “Random“...). Pour gagner en uniformité, les compositions ont été envisagées en limitant volontairement le choix des sons, comme le ferait un groupe qui n’aurait que quelques instruments à disposition. L’artiste joue de la basse sur la quasi-totalité de l’album et, en plus du choix méticuleux de certains synthés, pose sa voix sur plusieurs titres.
Cette authenticité musicale résulte d’émotions profondes éprouvées lors de simples moments de vie. Ces instants où on a l’impression de toucher l’éternité, comme une brèche éphémère dans le quotidien. C’est d’ailleurs le propos du disque ; l’histoire d’un mec ordinaire qui évolue en toute insignifiance, mais dont l’hypersensibilité lui saute régulièrement à la figure. L’auditeur à qui ça parle aura le plaisir de percevoir ces émotions en partage direct avec l’artiste.
L’écoute de ce disque rend très heureux ou très triste selon le sentiment qui était déjà un peu là avant. Son atmosphère est propice à des réflexions sur le temps qui passe, l’aspect périssable et la fragilité́ de la vie. On y trouve des envolées électroniques qui se terminent en apogée, comme sur “Retrospective“ ou “Amor Fati“. Cet effet de libération emporte l’auditeur dans une légère ivresse sonore...comme une prise d’élan avant de se jeter dans le vide, pour peut-être s’envoler.
- S.A.M.
- Rival Tapco
- First Typhon
- Retrospective
- Random
- Pedro Low
- One Last Track
- The Beauty Of Dying
- New Hope
- No One Can Tell
- Amor Fati