Véritable pont entre les scènes de Paris et Chicago, Moving Cities rassemble le meilleur des deux mondes. Projet créé par le trompettiste Antoine Berjeaut et le batteur Makaya McCraven (aux côtés de Junius Paul, Julien Lourau…), Moving Cities est le symbole d’un jazz moderne en pleine révolution esthétique. Issu d’un laboratoire de création live développé par Berjeaut et McCraven, Moving Cities se déploie en écho à l’évolution des métropoles internationales, tiraillées entre des paradoxes où l’individu et le geste collectif occupent une place essentielle constamment en balance dans une géographie bouleversée.
S’il existe aujourd’hui une dynamique forte au sein de la musique internationale, c’est la remise en question salutaire d’une définition trop stricte des genres musicaux. L’inclusion devient le véritable moteur d’idées neuves et le jazz, comme les autres musiques, connaît ainsi une explosion de ses limites esthétiques. Sorti de son unique prisme patrimonial, il redevient une musique de son époque, dont l’attachement aux codes n’est plus sa seule raison d’être.
Qui pourrait dire qu’Antoine Berjeaut, Makaya McCraven, Junius Paul ou Julien Lourau ne sont pas de ceux qui contribuent à construire le jazz d’aujourd’hui, chacun à sa façon ? Rassemblés sur ce Moving Cities, ils s’en affranchissent très largement et décident de le déborder de la meilleure des manières : à l’instinct, au sein d’un ensemble à l’énergie et l’inventivité remarquables emmené par Berjeaut et McCraven.
Laboratoire de création parrainé par le programme franco-américain de la fondation Face, l’ensemble prend vie lors d’un voyage à Chicago, pour des concerts aux clubs Constellation et California Clipper, puis au festival de Gent en Belgique, sur l’invitation du DJ et producteur Lefto, et enfin lors d’un concert sold out à Musiques au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois. A chaque étape, des sessions de travail et d’enregistrement sont organisées, pour capter sur l’instant l’énergie et les idées développées sur le vif.
Ces sessions mêlent écriture et improvisation, sur la base d’un matériau composé en amont par Antoine Berjeaut et Makaya McCraven ; et servent ensuite de matière sonore à Makaya pour faire ce qu’il sait faire de mieux : remixer, échantillonner et recomposer une musique inédite et vivante, mélangeant jazz moderne, musique électronique, post-rock… Véritable projet au souffle unique, Moving Cities témoigne d'un univers en
expansion, d’un continuum où l’instantanéité et la tension règnent, faisant la part-belle à l’inspiration collective. L’album évoque la poésie des villes métamorphosées, démembrées, aux habitants en quête de sens ; ces villes paradoxalement hyper-connectées, qui finissent étrangement par se ressembler, avec leur centre-ville identique, leurs quartiers gentrifiés, leurs “ghettos” en périphérie ; des villes où l’on cherche l’horizontalité, l’échelle humaine, toujours en mouvement. Une idée à l’origine du travail visuel pour Moving Cities signé Yann Bagot, qui a habilement collé et mélangé les cartes des villes de Chicago et Paris, distantes mais si proches en esprit.
Hors cadre, écrit et joué comme un collage qui explose les codes du jazz, décontextualisant les formes même du genre, Moving Cities se déploie en écho à ces paradoxes qui parcourent les métropoles modernes. Ensemble, entre Paris et Chicago, les acteurs de l’album s’appliquent à reproduire ce lien humain, l’essentiel du mouvement collectif synthétisé en un geste créatif fort.
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Antoine Berjeaut (trompette)
Julien Lourau (saxophone)
Arnaud Roulin (synthés)
Guillaume Magne (guitare)
Lorenzo Bianchi Hoesh (électronique)
Makaya McCraven (batterie)
Junius Paul (basse)
Matt Gold (guitare) #12