Faya Dub est de retour ! Avec une galette toute chaude, leur nouvel album World Wide Reggae, troisième opus après les remarqués Irie Feeling et Sings and plays. Le gang des Huit de Paname est dans la place avec une formule originale car résolument instrumentale.
Pour la plupart pionniers de longue date de la scène reggae parisienne, les membres de la tribu du Dub de feu s’imposent aujourd’hui comme le groupe majeur du reggae français. Après une pause qui les a vu multiplier les expériences musicales diverses, ils se sont à nouveau réunis pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Avec World Wide Reggae, ils plantent le baobab d’un reggae instrumental, mixture rare de reggae et de jazz...
Sur des bases « old school » maîtrisées et assumées (les titres « Tchimb’l » ou « Gros morne blues »), le band délivre l’universelle Harmonie, recueillie juste avant l’aurore à l’heure où le jazz brille de ses plus beaux éclats. Thierry Negro étire les lignes de basse aussi noueuses que les racines du big african tree. Ses partenaires de groove, Laurent Pena-Vieira (batterie) et Serjio Nobal (percussions), font vibrer la soul contre l’écorce de l’arbre roi : boum-tchac-boum, boum-tchac-boum ! Ecoutez aussi les alizés jazzy d’Eric « Rico » Gaultier qui soufflent dans les branches : ses flûtes et ses sax teintent de bleu nuit les voiles red, gold & green du voilier majestueux. Surgi de l’horizon, le trombone généreux de Thomas Hening sonne le long rappel vers Kenny Saint-Amand et Alex Legrand, les deux archers aux six cordes électriques qui déchirent parfois le ciel à en faire tomber la pluie de cristal. Et puis, Christian Moore caresse du bout des doigts l'ivoire et l'ébène d'un piano solitaire ou d'un orgue qui nappe la fusion fraternelle, celle d'un reggae qui jazze sereinement vers la Terre promise.
Ce feeling jazzy qui colore plusieurs plages de l’album, c’est par exemple le thème céleste du lumineux « Loves » qui mêle mélancolie, espoir et consolation en ravivant le souvenir des oiseaux de nuits flamboyants (Bechet, Armstrong, Mingus ou Coltrane). Il y aussi du ska-dansé (« Regg’n’Roll »), un peu de dub de sagesse en passant par le swing-swing rythm & blues ou la pulsation afro-beat (« Dolly »). La marmite bouillonne sur le « faya » et il y en aura pour tout le monde ! Faya Dub, c’est l’offrande et le partage. Partage des expériences fortes tissées tout au long de leurs expériences marquantes tels ces voyages en Guyane, ou bien en Bosnie où le band se produisit lors du festival Tuzla Wave en août 2000 (le poignant « Bosnia »). Enrichies de l’or slave (les méditatifs « Ishan » ou « Hombre »), les mélodies prennent parfois des accents orientaux qui vous emmènent loin, et les flûtes d’oiseaux s’envolent haut, très haut sur le beat steady.
Faya Dub, c’est le partage encore et toujours. Le vrai, celui qui vous accroche des ailes d’artiste dans le dos. Leur musique, c’est la BO purement instrumentale d’un grand film où chaque morceau est une tranche de vie à monter en kit. Vous voilà acteur de scénarios écrits pour vous par les huit compères. Ecoutez… Laissez-vous aller… Imprégnez- vous de cette vibe… Elle vous fera découvrir un trésor trop longtemps enfoui : votre imagination