Paul Prier
Paris France
Ex-membre du duo électro-pop Toys et homme de scène décisif au clavier pour Charlotte Gainsbourg, Christine & The Queens et Woodkid, Paul Prier est la toute nouvelle signature de la maison Recherche et Développement (Jacques, Miel de Montagne, PPJ). Avec son premier EP “Punctual Problems”, le Parisien se présente enfin seul, avec l’audace de changer ses phobies en forces et l’élégance de nous les rendre légères.
Des doigts qui se brisent sur les touches du piano. Un torticolis tournant au film d’horreur. Une migraine littéralement explosive. Dans le clip de son premier single, “Hard To be Myself When I’m With U”, Paul Prier projette ses angoisses de l’autre côté du miroir, là où règnent les lois de l’absurde et où l’artiste torturé s’amuse de son propre cliché. Dans ce studio aussi étrange que familier, la musique enregistrée contredit glorieusement ce qui se passe à l’écran. Groove laidback de la batterie, élasticité humide de la basse, scintillement des harmonies de claviers, voix filtrée, vocodée, hypersensible : Paul réussit la prise parfaite. Son premier EP s’appelle Punctual Problems : peu importent les dérèglements, tant que l’évidence pop finit par triompher.
“37 ans, c’est tôt pour sortir son premier disque, non ?” L’autodérision est une qualité mal répartie chez les artistes. Chez Paul Prier, c’est une toile de fond qui ne déteint jamais sur la musique. “Je peux passer une semaine à me demander si je dois décaler telle note d’une demie-seconde, à sonder mes proches. Limite, si je ne fais pas des tableurs Excel pour n’écarter aucune option. Evidemment, avec du recul, je trouve cette obsession du détail grotesque. Mais j’en ai sans doute besoin pour être sûr de ma décison qui, une fois prise, n’est plus jamais remise en question”. Les harmonies aériennes de “The Key”, les synthétiseurs virevoltants d’”Interchange”, l’éther sensuel de l’instrumental “Hode”, les montées house de poche de “What U”, n’exhibent jamais les hématomes de cette quête extrême. La légèreté est un sport de combat, une discipline du corps et de l’esprit.
Il faut dire que Paul Prier a beaucoup à (se) prouver, à ce point d’un parcours décrit comme “une suite de douches écossaises »”. Après dix ans de Conservatoire en guitare classique, l’ado, dans sa période métal, se met au piano. Lors de son premier cours, sa professeur lui joue un Nocturne de Chopin. Révélation cosmique. “Une semaine après je savais jouer le morceau et je n’avais plus qu’une seule idée en tête : devenir pianiste soliste classique.” Son graal ? Les variations Goldberg de Bach. Son ambition ? Prendre la relève de Glenn Gould qu’il adule. Lors d’un stage d’été à la prestigieuse Académie Internationale d'été de Nice, le fantasme s’effondre. “Je pensais faire de la planche à voile et boire des bières entre deux cours, mais les autres pianistes pratiquaient 10h par jour et jouaient vingt fois mieux que moi." Première douche glaciale: Paul Prier ne sera pas pianiste classique.
Encore sonné, Paul tente le concours d’entrée de l’American School of modern music, une école de jazz parisienne : ne connaissant encore rien à cette musique, il joue une fugue de Bach… et gagne son ticket d’entrée pour explorer ce nouveau monde. C’est le début de 5 années d'études acharnées, dont il ressort avec un lourd bagage théorique, de nouvelles idoles - Herbie Hancock, Thelonious Monk, Bill Evans, Chick Corea, McCoy Tyner - et des complexes encore plus encombrants. “J’étais incapable de jouer devant des gens : pour moi, si je n’étais pas Keith Jarrett, ça ne servait à rien. Je me forçais à participer à des jam sessions, mais je détestais l’esprit de compétition. Les gros techniciens du jazz, c’est un peu comme des bodybuilders...”. Seconde douche froide: Prier ne sera pas jazzman.
2010, nouveau virage : il rencontre le producteur Bastien Doremus. Un studio, un beat, une prod’, et voilà que son amour pour la pop remonte à la surface, de la discothèque des parents (Michael Jackson, Prince, Beatles, Steely Dan) à ses fascinations de jeune homme (la french touch de Daft Punk, Air et Justice). Nommé Toys, le duo trouve label et tourneur, sort deux EP en 2012 et 2015. Puis Christine & The Queens les recrute pour monter sa première tournée, et le cyclone du succès balaie leurs plans : “son album sort, on fait une première promo au Grand Journal, et moins d’un an plus tard, on joue à Coachella.” Devenu musicien et arrangeur scénique convoité (Woodkid, Paradis, Charlotte Gainsbourg avec qui il enchaîne 100 dates), Paul sillonne la planète, de festivals en plateaux télé. « Une expérience exceptionnelle, hyper enrichissante mais épuisante. Difficile de mener un projet perso en même temps. J’ai profité de chaque moments de libres entre deux dates pour travailler sur ma musique, en me rappelant quotidiennement que j’avais choisi de faire ce métier avec la volonté de créer, de composer, de produire… » . Il se sent galvanisé par l’afflux d’expériences, mais mesure aussi le risque d’être étiqueté « clavieriste des autres », lui qui a toujours aimé faire de la musique pour lui-même.
On mesure mieux ce que Punctal Problems signifie - et ce qui fait tourner son moteur. Tout ce qu’on peut y deviner de technique (sa formation classique et jazz), de labeur (une obsession du détail qui est le lot des arrangeurs), d'érudition (toujours prêt à causer harmonies chez Stevie Wonder ou chorus chez Thundercat), n’est ici que pour servir la beauté de mélodies simples et limpides, qu’on fredonnera partout. Des dialogues intérieurs, autocritiques et tendres à la fois, déguisés en chansons d’amour pour que chacun puisse s’y projeter. “C’est plus dur de faire un vrai bon morceau pop sophistiqué, qui parle à tout le monde, qu’un morceau de jazz ultra-codifié, réservé à une niche. Dans la pop, tout est permis, donc tout est affaire de dosage.” C’est pour ça que Paul Prier peut faire cent versions d’une chanson avant de trouver la bonne… et tant pis si c’était la première.
Des doigts qui se brisent sur les touches du piano. Un torticolis tournant au film d’horreur. Une migraine littéralement explosive. Dans le clip de son premier single, “Hard To be Myself When I’m With U”, Paul Prier projette ses angoisses de l’autre côté du miroir, là où règnent les lois de l’absurde et où l’artiste torturé s’amuse de son propre cliché. Dans ce studio aussi étrange que familier, la musique enregistrée contredit glorieusement ce qui se passe à l’écran. Groove laidback de la batterie, élasticité humide de la basse, scintillement des harmonies de claviers, voix filtrée, vocodée, hypersensible : Paul réussit la prise parfaite. Son premier EP s’appelle Punctual Problems : peu importent les dérèglements, tant que l’évidence pop finit par triompher.
“37 ans, c’est tôt pour sortir son premier disque, non ?” L’autodérision est une qualité mal répartie chez les artistes. Chez Paul Prier, c’est une toile de fond qui ne déteint jamais sur la musique. “Je peux passer une semaine à me demander si je dois décaler telle note d’une demie-seconde, à sonder mes proches. Limite, si je ne fais pas des tableurs Excel pour n’écarter aucune option. Evidemment, avec du recul, je trouve cette obsession du détail grotesque. Mais j’en ai sans doute besoin pour être sûr de ma décison qui, une fois prise, n’est plus jamais remise en question”. Les harmonies aériennes de “The Key”, les synthétiseurs virevoltants d’”Interchange”, l’éther sensuel de l’instrumental “Hode”, les montées house de poche de “What U”, n’exhibent jamais les hématomes de cette quête extrême. La légèreté est un sport de combat, une discipline du corps et de l’esprit.
Il faut dire que Paul Prier a beaucoup à (se) prouver, à ce point d’un parcours décrit comme “une suite de douches écossaises »”. Après dix ans de Conservatoire en guitare classique, l’ado, dans sa période métal, se met au piano. Lors de son premier cours, sa professeur lui joue un Nocturne de Chopin. Révélation cosmique. “Une semaine après je savais jouer le morceau et je n’avais plus qu’une seule idée en tête : devenir pianiste soliste classique.” Son graal ? Les variations Goldberg de Bach. Son ambition ? Prendre la relève de Glenn Gould qu’il adule. Lors d’un stage d’été à la prestigieuse Académie Internationale d'été de Nice, le fantasme s’effondre. “Je pensais faire de la planche à voile et boire des bières entre deux cours, mais les autres pianistes pratiquaient 10h par jour et jouaient vingt fois mieux que moi." Première douche glaciale: Paul Prier ne sera pas pianiste classique.
Encore sonné, Paul tente le concours d’entrée de l’American School of modern music, une école de jazz parisienne : ne connaissant encore rien à cette musique, il joue une fugue de Bach… et gagne son ticket d’entrée pour explorer ce nouveau monde. C’est le début de 5 années d'études acharnées, dont il ressort avec un lourd bagage théorique, de nouvelles idoles - Herbie Hancock, Thelonious Monk, Bill Evans, Chick Corea, McCoy Tyner - et des complexes encore plus encombrants. “J’étais incapable de jouer devant des gens : pour moi, si je n’étais pas Keith Jarrett, ça ne servait à rien. Je me forçais à participer à des jam sessions, mais je détestais l’esprit de compétition. Les gros techniciens du jazz, c’est un peu comme des bodybuilders...”. Seconde douche froide: Prier ne sera pas jazzman.
2010, nouveau virage : il rencontre le producteur Bastien Doremus. Un studio, un beat, une prod’, et voilà que son amour pour la pop remonte à la surface, de la discothèque des parents (Michael Jackson, Prince, Beatles, Steely Dan) à ses fascinations de jeune homme (la french touch de Daft Punk, Air et Justice). Nommé Toys, le duo trouve label et tourneur, sort deux EP en 2012 et 2015. Puis Christine & The Queens les recrute pour monter sa première tournée, et le cyclone du succès balaie leurs plans : “son album sort, on fait une première promo au Grand Journal, et moins d’un an plus tard, on joue à Coachella.” Devenu musicien et arrangeur scénique convoité (Woodkid, Paradis, Charlotte Gainsbourg avec qui il enchaîne 100 dates), Paul sillonne la planète, de festivals en plateaux télé. « Une expérience exceptionnelle, hyper enrichissante mais épuisante. Difficile de mener un projet perso en même temps. J’ai profité de chaque moments de libres entre deux dates pour travailler sur ma musique, en me rappelant quotidiennement que j’avais choisi de faire ce métier avec la volonté de créer, de composer, de produire… » . Il se sent galvanisé par l’afflux d’expériences, mais mesure aussi le risque d’être étiqueté « clavieriste des autres », lui qui a toujours aimé faire de la musique pour lui-même.
On mesure mieux ce que Punctal Problems signifie - et ce qui fait tourner son moteur. Tout ce qu’on peut y deviner de technique (sa formation classique et jazz), de labeur (une obsession du détail qui est le lot des arrangeurs), d'érudition (toujours prêt à causer harmonies chez Stevie Wonder ou chorus chez Thundercat), n’est ici que pour servir la beauté de mélodies simples et limpides, qu’on fredonnera partout. Des dialogues intérieurs, autocritiques et tendres à la fois, déguisés en chansons d’amour pour que chacun puisse s’y projeter. “C’est plus dur de faire un vrai bon morceau pop sophistiqué, qui parle à tout le monde, qu’un morceau de jazz ultra-codifié, réservé à une niche. Dans la pop, tout est permis, donc tout est affaire de dosage.” C’est pour ça que Paul Prier peut faire cent versions d’une chanson avant de trouver la bonne… et tant pis si c’était la première.
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