AMG

Qu’est ce qu’un groupe de jazz ? À quel moment, quatre musiciens qui ont chacun leur histoire personnelle, leur parcours d’auditeur, d’instrumentiste et d’improvisateur deviennent une entité qui transcende les individualités et créent ensemble un son ? Pour le pianiste Antoine Fleury, le contrebassiste Anthony Jouravsky, le batteur Mailo Rakotonanahary et le saxophoniste Keïta Janota, cette chimie se réalise un soir de mars 2022 sur la scène du Sunset, l’un des clubs mythiques de la rue des Lombards, à Paris. Deux mois plus tard, c’est entre les murs du non moins mythique studio Pigalle qu’AMG (c’est le nom que ces quatre-là se sont donnés) enregistrent pour la première fois ensemble ce qui deviendra leur premier album éponyme, réédité sous une forme remaniée et étendue, sous le titre AMG EXTENDED, en décembre 2024 et que la critique a vite porté aux nues.

Dès lors, le quartet AMG écume la plupart des clubs de la capitale – le Duc des Lombards, le Baiser Salé, le 38Riv, La Gare, La Petite Halle… –, remporte tous les tremplins auxquels il participe et impose l’air de rien cet acronyme emprunté à une théorie musicale élaborée par le saxophoniste et flûtiste Yusef Lateef, dans le microcosme jazz. 

Précisément parce qu’AMG, en plus d’être une réunion de prodiges habités, est un groupe, un son, une énergie, un esprit, un feu. À la fois ancrée et moderne, tour à tour fiévreuse et apaisée, la musique d’AMG tord le cou à bien des clichés de l’époque : le jazz, tel qu’il est approché et pratiqué par ces vingtenaires qui citent aussi bien les géants du jazz moderne que leurs disciples du nouveau millénaire ou la jeune garde du rap français, est une musique du 21ème siècle. Et il n’a pas besoin d’être artificiellement crossover ou pensé comme une musique à écouter debout, pour être pertinent aux yeux du public de 2024 qui a depuis longtemps – lui – balayé d’un revers de main la question des genres musicaux et a compris la puissance et la portée universelle de la musique instrumentale.