Stand High Patrol c'est une affaire de famille, du manager au graphiste chaque membre de l'équipe se mobilise sur tous les fronts. Rencontre avec Morgan, manager du crew depuis les premières années.
Avant tout, pourquoi s’appeler Stand High Records, quelle est la signification du nom du label ?
Le label est associé au sound system. L’idée c’est de produire la musique qu'on joue en session qu’elle soit la notre oui celle de potes. Donc on a naturellement repris le nom du sound et ajouté Records derrière. Le soundsystem et le label forment simplement un tout. Le nom Stand High c’est Rootystep et Mac Gyver qui l’ont posé il y a presque vingt ans. C’est une histoire de lycée. Puis on y a ajouté « Patrol » derrière il y a quelques années. L’important ce n’est pas ce que le nom signifie en lui même, c’est plutôt l’identité qu’on a construite et qu’on lui a donné au fil des années.
Après déjà plusieurs années en tant que stand High Patrol, pourquoi créer son propre label?
On a créé le label pour sortir notre musique comme on l’entend. On voulait être libre de sortir les morceaux de notre choix au moment de notre choix.
Le fait d’avoir sa propre structure le permet. Personne ne nous dit ce qu’on doit sortir, personne ne nous impose de calendrier, de plan de com ou quoi que ce soit. On est libre de faire ce qu’on veut et c’est ce qu’on voulait.
Aujourd’hui vous êtes combien à bosser sur le label?
C’est une affaire collective. Chez Stand High c’est le collectif qui prime donc on peut dire qu’on bosse tous sur le label. Rootystep, Mac Gyver, Pupajim, Kazy, Merry, Claude et moi même. Chacun a un domaine d’action plus ou moins précis mais tout le monde est mobilisé au quotidien et pour une sortie on débat de tout, on prend les décisions ensemble. Ca peut parfois prendre du temps mais ce côté artisanal, l’importance du collectif c’est ce qui nous caractérise autant que ce qui fait notre force.
On sait que Stand High Records, ce n’est pas seulement du Stand High Patrol, comment choisissez-vous les futurs artistes/sorties du label?
C’est très différent pour chaque projet, ça se fait au feeling en fonction des envies de chacun et des sons qu’on a entre les mains. La constante c'est qu'on ne travaille qu'avec des artistes dont on est proche humainement, avec qui on a une relation solide. L'affaire a commencé avec Stepart et le maxi "Another Night" puis on a décidé de sortir son album "Playground" quelques années après. Il était complètement libre sur ce projet d'album. Hors Stand High Patrol c'est lui qui a le plus de releases sur Stand High records. Pour l’album avec Marina P c'est une autre histoire. On avait envie de monter un projet de A à Z avec elle, de sortir du cadre « dub » alors on l’a fait. Pour le maxi de NS Kroo on a décidé de sortir deux tracks qu’on jouait beaucoup en soirée. C’est au cas par cas. Il n’y a pas de règle.
Coté artwork/graphique, on sait que vous travaillez avec Kazy et Charlimars, depuis quand et comment est né cette relation entre le label et les 2 artistes?
Kazy Usclef est à nos côtés depuis le début. A la base c’est un ami. Avec son style, ses gravures, ses sérigraphies il a créé l’identité graphique du crew. Ça s’est fait naturellement avec les années et aujourd’hui le son de Stand High et le travail de Kazy sont indissociables. Charlie Mars on l’a rencontré plus tard via Kazy. Kazy a émis le souhait de travailler avec lui sur une vidéo animée, on a regardé ce qu’il faisait, quel était son univers, on a accroché puis on leur a donné carte blanche. Les deux se complètent bien, ils forment une bonne équipe et ils aiment repousser leur limites, tenter de nouvelles choses, mêler les techniques. La démarche est proche de celle qu’on applique à notre propre son donc ça colle et ça nous plaît. À chaque nouvelle sortie ils nous surprennent, c'est génial de bosser avec eux.
La majorité des artwork sont assez sombres, mélancoliques, pourquoi?
Peut être parce-que la musique l’est aussi d’une certaine manière. Les artworks sortent de chez Kazy. Nous on lui donne un morceau, un album et lui il nous envoie son travail. On ne lui donne pas vraiment de consignes autres que des consignes de format, on lui demande quasiment jamais de revenir sur son travail ou de faire des modifs. On aime sa façon d’illustrer notre musique et on essaye de lui laisser le champ libre autant que possible.
Concernant le nouvel album de Stand High Patrol “ Our Own Way”, comment avez-vous produit cet album, qui s’occupe de quoi?
À l'exception du track "Every Plane" qui a été composé par Mac Gyver, tous les morceaux ont été composés et voicés par Pupajim au Donjon Studio puis envoyés au studio Bellarue 17 à Nantes où Rootystep, Mac Gyver et Claude (qui est notre ingénieur son sur les lives) ont fait les mixs. C'est la première fois qu'on sort un track composé par un autre membre du crew sur un de nos albums. D'habitude tout est composé par Pupajim. Les effets ont été réalisés par Mac Gyver chez lui dans son home studio. Merry a enregistré des trompettes à domicile et au studio Bellarue. Il y a eu beaucoup d’allers retours de pistes via internet. Une fois les mixs terminés on a envoyé tout ça à Kerwax qui nous a fait un mastering first class. Et voilà..
Pourquoi l'avoir appelé “ Our Own Way”, a quoi ce titre d’album fait-il référence?
« Our Own Way » ça se réfère à notre démarche globale. On fait notre son comme on le fait, avec les influences qu’on a et les envies du moment. On ne se préoccupe pas de savoir si ça va marcher, si ça va faire danser les gens ou autre. On a un regard assez détaché sur la sortie d’un album. A chaque sortie il y a matière à découvrir de nouvelles facettes du crew, des influences.
On donne ce qu’on a. C’est ça « Our Own Way », faire les choses à notre manière, offrir quelque-chose de personnel.
Tous vos albums sont assez différents, en quoi ce nouvel album est-il différent de vos précédents albums?
Ce nouvel album c’est en quelque sorte notre portrait musical du moment. On y trouve des tracks créées pour l’occasion mais aussi des morceaux qu’on joue en soirée depuis des mois voir des années. Sur les deux derniers LP il y avait un fil conducteur, une thématique, une esthétique plus précise. L’album The Shift était complètement axé Boombap, Hip Hop. L’album « Summer On Mars » avec Marina P s’inscrit dans une vibe bristolienne.
Avec « Our Own Way » au revient à un format plus proche de celui de nos deux premiers LP, en l'occurrence le fil conducteur c’est juste le son de Stand High Patrol mais bien qu’on retrouve des points communs ce n’est pas celui qu’on faisait à l’époque de « Midnight Walkers » ou de « Matter Of Scale », c’est celui qu’on fait maintenant.
Quels sont vos futurs projets en terme de sorties ou d’événements?
Des envies en terme de sortie, des idées nous en avons mais rien n’est arrêté pour le moment. On va prendre le temps de sortir « Our Own Way » puis on verra vers quoi on s’oriente. En terme d’évènement, de tournée il est clair que l’envie de jouer est là. On reporte quelques dates annulées à l’an prochain mais en réalité la situation actuelle fait que c’est difficile d’y voir clair. On jouera dès qu’on le pourra. Sur scène ou en format soundsystem. On jouera.
Le contexte actuel est compliqué pour les labels/artistes, comment cette situation actuelle a-t-elle impactée la gestion du label?
J’ai l’impression que la crise a impacté la gestion du label de manière plutôt positive.
Le fait de ne pas tourner nous a permis de prendre le temps d’échanger entre nous, de discuter et de reprendre en main des choses qu’on avait laissé de côté. Nous avons changé de distributeur en pleine crise pour venir chez Big Wax, nous avons monté le shop en ligne, sorti une repress de notre premier LP qui était out of stock depuis des lustres, et nous sortons le nouvel album maintenant.. Le label va bien, on a pu lui donner plus de notre temps et on va continuer comme ça.
Pour terminer, quel est le moment le plus mémorable pour Stand High Records?
Difficile d’en sortir un seul du lot. Depuis nos débuts il y a eu beaucoup de moments forts. J’ai des images de sessions brûlantes d’avant 2010 dans les bars rennais qui me viennent en tête, des souvenirs de notre premier passage sur scène à Dour, les premières grosses sessions avec notre soundsystem et la projection d’images géantes par nos amis de Diazzo, des soirées à Genève avec O.B.F.. Récemment on s’est partagé des vidéos de nos anciennes soirées dubadub résidence au Vauban à Brest. On a quand même organisé pas loin de 25 soirées la bas entre 2007 et 2012. Disons que c’est de là que beaucoup de choses ont commencé. Sur une de ces soirées on avait invité un chanteur anglais du nom de Martin Campbell, un artiste qui compte parmi nos influences majeures. Il n’avait pas joué en France depuis longtemps et ce soir là c’est Rootytsep qui jouait les instrumentaux sur lesquelles il chantait. Le temps s’est arrêté pendant tout son set. On était tous comme des dingues, voir Martin Campbell jouer à notre soirées c’était énorme pour nous. Ce n’était pas prévu mais à un moment il a invité Pupajim à prendre le micro avec lui. Jim dit que c’est sûrement la première fois qu’il chantait le lyrics de Big Tree. On oubliera jamais ce moment !